...début juin, un boulanger m'a appelée pour un travail de couture....dans son atelier!
Alors, je n'ai fait ni une ni deux ,je suis partie à la découverte de l'arrière boutique de cette boulangerie!
Au départ, j'ai eu du mal à saisir ce que je pouvais faire pour lui venir en aide. Une fois passée la boutique, je vois le four qui trône à l’arrêt, tapis retourné et fendu en « L". Après quelques échanges avec Yann, le gérant du Fournil de Montbrun a Anglet; je me dois de tout faire pour réparer ce tapis sinon la production se trouvera à l'arrêt.
Je réfléchis...impossible de laisser ce boulanger sans aide ( au sortir du covid) Je me sens obligée de faire de mon mieux.
Impensable de récupérer le tapis pour le coudre à la maison: il est lourd, plein de cendres et de farine et mes aiguilles de machines ne peuvent être efficaces, c'est sur! La meilleure solution est de coudre à la main. L'entaille du tapis est de 10cm x30 cm....J'imagine alors une aiguille résistante et ça devrait se faire ! Par contre : quel fil utiliser? il devra être très solide et résister à 300 degrés!
Le chef me certifie qu'il faut utiliser du fil utilisé par les bouchers....et il en possède. Son fils est artisanal et lui vient de sa grand mère. Aussitôt dit, aussitôt fait ….mais…le fil ne rentre pas dans le chas de ma plus grosse aiguille! Je divise en deux ce fil qui veut bien ,cette fois passer....OUF ! de soulagement et je commence à coudre....
L'aiguille a du mal a transpercer le tapis......j'insiste mais ce n'est pas facile. Le chef s'éclipse un moment et revient avec une tenaille.Il me conseille de l'utiliser pour guider l'aiguille et la ressortir du tapis plus facilement. Effectivement ,c'est un peu mieux. Je fais un premier point, je le serre ...et le fil cède…
Très bien !
Yann demande qu'un de ses apprentis aille chercher du fil chez le boucher du coin.
Cette fois-ci, le fil rentre dans mon aiguille! Le problème semble être résolu...deux points de couture plus tard, toujours avec la tenaille , c'est l’aiguille qui se casse! Je suis un peu attristée car cette aiguille vient de ma grand-mère! L'heure n'est pas a la nostalgie mais a la recherche d'une bonne solution.
Pour l’instant la seule chose à faire est de partir m’acheter des aiguilles.
Sur Anglet, il existe un magasin spécialisé à quelques minutes du fournil. C’est donc une aubaine.
J’y achète donc mon matériel et surtout je n’hésite pas un instant à me renseigner sur les fils qui résistent à de hautes températures.
En rentrant plus besoin de tenaille, j’arrive finalement à renforcer ce tapis après quelques heures dont mes doigts se souviennent encore.
Cette mission a été tout à fait inattendue et très enrichissante d’un point de vue professionnel.
Cependant je suis ressortie très satisfaite de cette jolie expérience.
Que vous dire de plus..
J’ai eu l’occasion de repartir consolider d’autres tapis de four et un tapis à laminoir au fournil.
Yann m’a appris que d’autres boulangers ont certainement besoin d’avoir quelques coups de main pour réparer leurs tapis.
En effet, les tarifs de ces tapis très spéciaux, sont onéreux. Quant à la réparation, elle se fait auprès de spécialistes qui doivent faire plusieurs kilomètres avant de venir, ce qui a un coup évident sur le tarif à l’arrivée. Et pour couronner le tout, peu de couturières sont disposées à effectuer ce genre de besogne
Gentiment Yann me dit qu’il y a un créneau en la matière à explorer. C’est pourquoi, je vous partage mon expérience aujourd’hui.
Si vous êtes boulanger, ou connaissez un boulanger en peine avec un tapis craqué.. je n’hésiterais pas à venir l’aider, s’il est situé près de chez moi ou à quelques kilomètres.
Voilà, le message est lancé,
j’espère que vous aurez apprécié la lecture de ce chapitre très sympathique de ma vie de couturière, autant que j’ai pris plaisir à la vivre et à me la remémorer en les écrivant.
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